BCE : Bilan et perspectives de l’assouplissement monétaire

Siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort, au cœur des décisions sur les taux directeurs et la gestion de la dette.

Depuis juin 2024, la Banque centrale européenne (BCE) a amorcé un processus d’assouplissement de sa politique monétaire, marqué par plusieurs réductions successives de ses taux directeurs. Cette démarche vise à soutenir l’économie de la zone euro en stimulant l’investissement et la consommation, tout en maintenant l’inflation à un niveau cible proche de 2 %.

Chronologie des décisions de la BCE

Juin 2024 La BCE initie l’assouplissement monétaire avec une première baisse de 25 points de base de ses taux directeurs. Cette décision est motivée par une évaluation actualisée des perspectives d’inflation et de la dynamique de l’inflation sous-jacente.
Septembre 2024 La BCE a poursuivi sa politique d’assouplissement en abaissant de 25 points de base son taux principal directeur, portant le taux de la facilité de dépôt à 3,50 %. Parallèlement, les deux autres taux de référence ont également été ajustés : le taux de refinancement a été réduit de 4,25 % à 3,65 %, resserrant l’écart avec la facilité de dépôt à 15 points de base contre 50 points précédemment, tandis que le taux de la facilité de prêt marginal a été abaissé de 4,50 % à 3,90 %.
Octobre 2024 Une troisième baisse de 25 points de base est mise en œuvre, abaissant le taux de la facilité de dépôt à 3,25 %. Cette décision intervient dans un contexte de ralentissement de l’inflation, offrant une marge de manœuvre pour stimuler davantage l’économie.
Décembre 2024 La BCE annonce une quatrième réduction consécutive de 25 points de base, ramenant le taux de la facilité de dépôt à 3,00 %. Cette décision est fondée sur une évaluation continue des perspectives d’inflation et de la transmission de la politique monétaire.
Janvier 2025 La BCE poursuit son cycle d’assouplissement avec une cinquième baisse de 25 points de base, fixant le taux de la facilité de dépôt à 2,75 %. Cette mesure vise à favoriser l’investissement et à encourager la consommation dans un contexte de perspectives économiques incertaines. Parallèlement, la FED a maintenu ses taux d’intérêt constants lors de sa réunion de janvier 2025, après les avoir réduits de 100 points de base au cours de l’année 2024. Cette pause reflète une approche prudente face aux incertitudes politiques et aux pressions inflationnistes.
Mars 2025 La BCE a abaissé ses trois taux d’intérêt directeurs de 25 points de base. Ainsi, le taux de la facilité de dépôt est passé à 2,50 %, le taux des opérations principales de refinancement à 2,65 % et le taux de la facilité de prêt marginal à 2,90 %.

 

Perspectives d’évolution de la politique monétaire

Les projections actuelles de la BCE indiquent une inflation globale moyenne de 2,3 % en 2025, 1,9 % en 2026 et 2,0 % en 2027. Cette révision à la hausse pour 2025 s’explique principalement par une dynamique plus soutenue des prix de l’énergie.

Concernant la croissance économique, la BCE anticipe une modération, avec des taux projetés à 0,9 % pour 2025, 1,2 % pour 2026 et 1,3 % pour 2027. Cette tendance s’explique par la faiblesse des exportations et de l’investissement.

Face à ces perspectives, la BCE adopte une approche dépendante des données pour déterminer l’orientation future de sa politique monétaire, évaluant les informations disponibles à chaque réunion. Certains membres du Conseil des gouverneurs, tels que Robert Holzmann, préconisent une pause dans la baisse des taux lors des prochaines réunions, en raison des risques inflationnistes liés à la hausse des droits de douane et à l’augmentation des dépenses publiques.

 

Conséquences pour les collectivités territoriales en France

Bien que la BCE ait initié une série de baisses des taux directeurs depuis juin 2024, les taux d’intérêt à long terme restent relativement élevés, affectant directement le coût de financement des collectivités locales.

Cette résistance s’explique notamment par la situation budgétaire de l’État français, marqué par un déficit public important et une dette en hausse, Cette situation se traduit par une hausse des rendements des obligations assimilables du Trésor (OAT), qui servent de référence aux financements en France. Par ailleurs, la hausse de l’OAT, affecte les marges bancaires, les banques répercutant la hausse de leur coût de refinancement sur les collectivités. De plus, la décision de l’Allemagne de s’éloigner de son orthodoxie budgétaire a provoqué une hausse complémentaire des taux (+30 points de base sur le taux euro), rendant les conditions d’emprunt encore plus dégradées malgré la politique accommodante de la BCE.

Dans ce contexte, il est essentiel pour les collectivités d’anticiper et d’ajuster leurs stratégies de financement afin d’optimiser le coût de l’endettement et limiter les répercussions des hausses des taux.

Cette approche repose sur l’anticipation des évolutions du marché et la diversification des sources de financement. Cela passe notamment par l’ajustement de la stratégie de gestion de risque de taux, la diversification des prêteurs ou l’exploration d’alternatives telles que les financements institutionnels. Pour les grandes collectivités, le recours aux financements obligataires reste une option pertinente, permettant d’accéder à des financements et à des conditions parfois plus avantageuses selon la conjoncture. L’optimisation de la gestion de trésorerie joue également un rôle clé. L’utilisation des lignes de trésorerie flexibles permettant d’adapter le recours à l’emprunt aux besoins réels de la collectivité.

 

Face à un environnement financier incertain, la capacité des collectivités à ajuster rapidement leur stratégie d’endettement et à exploiter toutes les marges de manoeuvre disponible sera déterminante pour préserver leur équilibre budgétaire.

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