À l’été 2025, le ministère des Transports organisait la conférence nationale pour concevoir un nouveau modèle de financement des infrastructures et services de transport en France (routes, transports collectifs, ferroviaire, fluvial, aérien).
Ambition France Transport et ses partenaires ont pu aboutir à des estimations des besoins futurs en investissements sur la période 2026-2031, ici reproduits par ordre de priorité tel que défini par la conférence :
- Dans un premier temps et avec un certain degré d’urgence, pour remettre à niveau et moderniser les infrastructures : trois milliards supplémentaires par an seront nécessaires pour les infrastructures routières (1700 millions d’euros par an), ferroviaires (4200 millions d’euros par an), fluviales (400 millions d’euros par an), et pour le fret ferroviaire et combiné (500 millions d’euros par an) en France.
- Puis pour développer l’offre vers les périphéries des centres urbains : 25 milliards d’euros pour développer les SERM à horizon 2040, entre 700 millions et 1 milliards d’euros pour développer les transports collectifs, et un triplement des investissements pour le cyclable.
- Et enfin pour développer les nouveaux projets d’infrastructure : 3 milliards d’euros supplémentaires par an, par rapport aux investissements actuels.
Ces prochaines vagues d’investissement nécessaires pour atteindre les objectifs d’amélioration de l’offre en volume, en performance économique et en impact environnemental, ne s’intègrent pas dans le système de financement actuel des transports.
Ce dernier repose sur trois piliers : une fiscalité ciblée (versement mobilité, TICPE), la tarification aux usagers (titres de transport, péages), et des subventions publiques (budgets généraux des collectivités et de l’État).
Dans le rapport de la conférence remis le 9 juillet 2025, quatre axes de financement aux nouveaux enjeux ont donc été identifiés :
- Une meilleure performance des infrastructures à long terme. La mise en concurrence des services (exploitation du TER par exemple) ou le déploiement de nouvelles infrastructures plus efficaces (intermodalité, voies dédiées…) doivent permettre aux réseaux de gagner en productivité. L’offre de transport pourrait ainsi être développée à coût constant, sans subir de pics d’investissements pour l’entretien des infrastructures.
- Une contribution accrue des usagers et clients des services et infrastructures de transport. Sur le transport urbain, la conférence a exclu la viabilité des politiques de gratuité, et insisté sur une nécessaire hausse des tarifs, hors tarification solidaire. Sur les infrastructures routières non concédées, la contribution des poids lourds doit également être revue à la hausse, dans une logique de compensation de l’impact des tonnages sur les routes et des émissions polluantes supérieures aux véhicules légers. La rente des sociétés concessionnaires autoroutières, dont les contrats se renouvelleront progressivement par secteurs dans les dix prochaines années, devra également apporter une contribution plus importante au financement des infrastructures.
- Une refonte de la fiscalité du secteur privé des transports, au niveau national. Pour consolider le modèle de l’Agence de financement des infrastructures de transports de France (qui finance une grande part des établissements responsables des infrastructures de transport) ou financer directement certains modes de transports, la conférence propose de prélever davantage le secteur privé des transports, par le biais de nouveau leviers fiscaux.
- Une diversification du modèle économique des autorités organisatrices des mobilités, au niveau local. La conférence propose d’abord un scénario de déplafonnement du versement mobilité sur les territoires appliquant une participation des usagers équilibrée avec les dépenses. En alternative, le versement mobilité additionnel peut être simplifié. Un second scénario propose de relever les contributions des personnes, établissements et entreprises qui bénéficient de la chaine de valeur créée par la mise en place de services et d’infrastructures de transports.
Il revient désormais aux différents acteurs et partenaires de se saisir de ces pistes de financement des réseaux nationaux et locaux, et dans les termes permis par les échéances contractuelles et légales à venir. Le 15 septembre 2025, la Cour des comptes publiait un premier rapport sur la contribution des usagers au financement des transports collectifs urbains, assorti de recommandations pour le déploiement de nouvelles modalités de tarification.
FCL Gérer la Cité accompagne les acteurs publics dans leurs stratégies de financement du transport, des zones urbaines aux zones peu denses, afin d’aligner les ambitions et les équilibres économiques des services.
